On connaissait l’existence de la Bombe « A », comme Atomique, la Bombe « H », comme Hydrogène, la Bombe « N », comme Neutrons mais voici que surgit la Bombe « I » comme Intégriste ! Si les premières constituent des armes de destruction massive dont la fabrication est régie par des Traités internationaux, la Bombe « I », arme de destruction collective par excellence, peut proliférer en toute clandestinité partout. Même si elle n’a de nucléaire que le petit noyau chargé de la transporter et de la faire exploser, sa dangerosité est universellement établie. La Bombe « I » n’est pas dissuasive car elle n’est jamais dirigée contre des adversaires bien déterminés mais toujours contre des Innocents. C’est une Bombe aussi Infâme que toutes les autres. Sauf que du point de vue militaire elle est en plus Inefficiente. Au plan politique, elle est Inefficace, tant est Illusoire la cible qu’elle prétend attiendre. A Casablanca, le 16 mai 2003, les Bombes « I » visaient, entre autres, un cimetière et un mess juifs, attentats ignobles et gratuits saisis au vol par les Ultras sionistes pour justifier a posteriori leurs crimes contre les Palestiniens. Voilà d’ailleurs que les commanditaires de ces actes ignobles s’en prennent à présent au Hamas qui refuse d’accepter leur orientation suicidaire.
Mais l’effet psychologique de ces Bombes est Idéal pour semer la peur et la terreur parmi le petit peuple travailleur, leur principale victime. Car les Bombes « I » sont conçues pour faire le maximum de victimes dans les transports en commun, les lieux publics, aux heures de pointe, quand les concentrations des usagers sont les plus fortes. A Casablanca, leur « tableau de chasse » se chiffra à 45 morts et 100 blessés. A Madrid ce furent 192 morts et près de 2000 blessés. Ailleurs les dégâts humains furent tout aussi importants.
Artisanale par son mode de confection, la Bombe « I » profite à fond des permissivités de l’Internet pour y trouver les solutions logistiques et les réseaux d’information nécessaires à sa mise à feu. Mais Ironie du sort, l’échec de la tentative de la semaine dernière serait imputable à une mauvaise fluidité de transmission de la liaison d’accès desservant le cybercafé de Sidi Moumen. On peut s’en réjouir, mais ce serait bien-là une piètre consolation, s’il fallait compter sur les contre-performances de nos infrastructures pour enrayer l’efficience de la logistique des réseaux terroristes !
Et puis il y a la question de la récidive, puisque le principal artisan de l’attentat fortuitement déjoué n’est pas un inconnu. Non pas qu’il faille maintenir à vie, hors d’état de nuire, ces dangereux individus, car ce n’est humainement pas admissible, d’autant que la répression seule n’a jamais rien résolu. Par contre il faut s’interroger sérieusement sur l’organisation et le fonctionnement du système d’instruction des demandes de grâces, c’est-à-dire sur le choix des critères de sélection, de la transparence indispensables des procédures et de la délimitation des responsabilités en la matière.
Le retour à la logique du tout sécuritaire c’est-à-dire le resserrement des mailles du quadrillage policier, avec les bavures inévitables quand on agit dans l’ombre, ne serait certainement pas le meilleur moyen d’extirper ces « paumés », dans un premier temps manipulés, des griffes criminelles de leurs commanditaires. Seul le respect de l’Etat de droit et des droits individuels tout au long de la chaîne répressive est en mesure de briser la gangue obscurantiste qui enferme ces individus dans leurs préjugés, en leur prouvant par l’exemple que la société dont ils veulent se venger les traite malgré tout avec humanité.
Parce que les poseurs de Bombes « I » évoluent comme des poissons dans l’eau des ghettos de la misère, il est grand temps de s’occuper des jeunes désoeuvrés transformés en « baïonnettes Jihadistes » en donnant un sens à leur vie sur Terre. A défaut d’un travail immédiat, offrons à ces jeunes, que ne semblent pas rebuter les nouvelles technologies, au moins l’opportunité d’une seconde formation technique ou professionnelle débouchant sur un emploi stable.
Ceci étant, seule une approche globale basée sur la lutte idéologique contre les thèses nourricières du terrorisme islamiste est en mesure d’enrayer l’effet de siphon dont semblent bénéficier les réseaux terroristes pour le recrutement des candidats au suicide. Ainsi au lieu de faire la politique de l’autruche en taisant tout ce qui peut irriter la sensibilité intégriste, il vaudrait mieux poser clairement sur la table les problèmes de société dont se saisissent les barbus pour asseoir clandestinement leur magistère, avec l’aide des « idéologues » de certaines chaînes paraboliques et de nombreux sites Internet. De même qu’il vaudrait mieux débattre ouvertement des conditions morales et matérielles dans lesquelles doivent se traduire les véritables actions de solidarité, populaires et publiques, avec les peuples arabes victimes de l’oppression coloniale, en Palestine, en Irak et ailleurs.
Parce qu’elles sont Imprévisibles et qu’elles sont posées par des Irresponsables dépourvus de tout sens d’humanité, les Bombes « I », ne peuvent se désamorcer que par la mobilisation de toute la société démocratique, intellectuels en tête, autour de la puissance publique agissant dans le cadre du respect scrupuleux de l’Etat de droit.
Producteur et exportateur malgré lui de « H » et de Bombes « I », le Maroc est sérieusement menacé dans sa stabilité par la connexion de ces deux types de réseaux. Raison de plus pour agir sans tarder.
Mourad Akalay
(25/03/07)